Aucun doute pour le président de la Fédération des Syndicats Pharmaceutiques de France (FSPF) : en 2021, non seulement le pharmacien va vacciner contre la Covid-19, mais il va surtout conforter sa place centrale au cœur du parcours de soin. Un rôle que la population lui reconnaît désormais.
La FSPF, qui compte pour adhérents « 7 200 pharmacies et 9 400 pharmaciens qui y exercent, soit 75% des officines ou pharmaciens syndiqués », comme le rappelle son président Philippe Besset, s’attend à une année 2021 importante pour consolider les nouvelles missions d’une profession en plein changement.
Quel bilan faites-vous, en officines, de l’activité de l’année écoulée ?
Philippe Besset : Comme j’ai pu le dire à l’Assemblée nationale, les pharmaciens ont au moins eu la chance d’avoir une activité en 2020. Le chiffre d’affaires a été à peu près le même qu’en 2019, voire un peu supérieur. Nous n’avons, a priori, pas à nous plaindre en termes économiques au regard de ce qu’ont pu connaître d’autres secteurs d’activités.
La réalité est cependant plus complexe lorsque l’on creuse un peu : certains d’entre nous ont beaucoup souffert de cette crise. Je pense aux pharmacies des lieux de passage -gares, centre-villes touristiques, zones de montagne…- pour qui l’épisode 2020 est aussi catastrophique que pour bien d’autres secteurs.
Dans quel état moral vos adhérents ont-ils fini l’année 2020 ?
P.B. : Mobilisés. C’est ce qui résume le mieux l’état d’esprit de la profession encore à l’heure actuelle. Pendant leur temps de repos ou le week-end, les pharmaciens sont comme tous les Français, ils en ont un peu marre et veulent que tout cela s’arrête mais on les sent très concentrés sur leur rôle, à l’écoute de ce qu’on peut leur demander, notamment les pouvoirs publics.
La vaccination anti-Covid, notre grand défi du printemps
Philippe Besset, président de la Fédération des Syndicats Pharmaceutiques de France
Le métier de pharmacien a-t-il changé au cours des douze derniers mois ?
P.B. : Les nouvelles missions de santé publique confiées au pharmacien ont davantage constitué une révélation pour le grand public que pour la profession, qui était déjà prête à relever le défi.
Cela fait des années que la Fédération pousse en effet le métier vers sa dimension de service de santé. C’était une transformation stratégique souhaitée par la profession et qui a été amorcée, en réalité, avant 2020.
Ce qui a changé, c’est le fait d’avoir moins délivré certains produits, avec des pans d’activités nouveaux qui sont apparus, comme la distribution de matériel de protection, les tests antigéniques, le renouvellement d’ordonnance… La vente de masques, par exemple, a représenté un chiffre d’affaires de 72 millions d’euros sur les deux derniers mois de l’année, ce qui n’est pas neutre.
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A quoi doit-on s’attendre pour 2021 ?
P.B. : A une poursuite de cette mobilisation, qui va encore s’accélérer avec la vaccination, notre grand défi au printemps. Après cette période, une fois que l’on aura vacciné l’ensemble de la population, il va falloir préparer la négociation de la convention avec l’Assurance maladie, qui va mettre en œuvre la pharmacie des cinq prochaines années.
A cette occasion, nous comptons revaloriser le métier de pharmacien et les honoraires conventionnels, de manière qu’ils puissent affronter leurs missions. Il s’agira aussi de mettre en place de nouveaux protocoles, certains issus de la crise, comme la pérennisation des missions de santé publique, le dépistage, la vaccination, ou encore de celles qui ont amélioré la vie des Français au quotidien -renouvellement des ordonnances, portage de médicaments à domicile…-.
C’est sans compter, enfin, sur tous les accompagnements pharmaceutiques, que l’on va continuer à promouvoir. Tout cela en sachant que nous aurons d’autres combats à mener, notamment sur la dernière loi de finances de la Sécurité sociale de ce quinquennat.
Le pharmacien,
"un coordinateur au sein du parcours de soin"
Il faudra sans doute aussi consolider la place du pharmacien dans le parcours de soin…
P.B. : La pharmacie fait désormais partie de l’équipe de soin de proximité. Il reste en revanche à en structurer l’exercice coordonné avec le médecin, l’infirmier… Pour cela, il y aura un défi informatique à relever, qui passera par le partage de l’information entre les soignants et ce, par le biais d’outils dont certains ont été créés pendant la crise, comme la e-prescription.
Les pharmaciens vont sans doute être engagés prochainement dans la campagne de vaccination anti-Covid-19…
P.B. : C’est l’élément principal du printemps à venir, cette mobilisation qui a débuté dès à présent. C’est une évidence : le pharmacien va vacciner contre la Covid.
En quoi la crise a-t-elle changé la relation entre les Français et leur pharmacien ?
P.B. : La relation de confiance avec les Français existait déjà et nous ne les avons pas déçus par notre engagement durant la crise. Au contraire, la confiance envers le pharmacien n’a fait qu’augmenter.
Les Français se sont rendu compte que le pharmacien était le couteau suisse de la santé de proximité. Tout le monde le sait, désormais.
La crise, enfin, a-t-elle fait évoluer la place du pharmacien dans la chaîne de santé ? Qu’est ce qui va rester ?
P.B. : Il en restera des missions de santé publique que le pharmacien continuera d’exercer. Il va garder la place de coordinateur au sein du parcours de soin qu’il a démontré en distribuant les masques aux soignants, par exemple.
Le pharmacien va encore jouer ce qui est un véritable rôle de pivot dans le parcours de soin.