A 30 ans, Quentin Chaniol est à la tête de l’établissement de l’OCP Périgord-Limousin-Cantal depuis deux ans et demi. Lui qui se destinait à la filière officine s’est laissé tenter par la répartition… et ne regrette pas son choix !
Ils étaient onze, mi-janvier, à visiter l’établissement de l’OCP à Paris et à découvrir l’entreprise entre les murs de son siège, à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis). Les onze étudiants du master 2 Distribution pharmaceutique (le « master répart’ » dans le langage courant) ont eu droit à des interventions de professionnels de l’OCP (RH, Marketing, Qualité/Affaires pharmaceutiques…) puis à une session d’entretiens au cours de laquelle leur ont été présentées les offres de stage proposées par l’entreprise.
Quentin Chaniol est passé par là il y a quelques années. Il a lui aussi suivi le « master répart’ » en sixième année, un peu par hasard, alors qu’il se destinait plutôt à la filière officine…
A mi-chemin entre Limoges et Brive-la-Gaillarde, rencontre avec celui qui dirige aujourd’hui l’établissement de l’OCP Périgord-Limousin-Cantal et sa soixantaine de salariés. Un site d’où sortent chaque mois plus de 1 250 000 boîtes destinées aux pharmacies sur un secteur qui s’étend, du nord au sud, de Châteauroux… à Cahors ! Soit sur près de 310 kilomètres…
OCP.fr : Qu’est-ce qui vous a amené à vous orienter vers la répartition ?
Quentin Chaniol : Après mon bac S, j’ai obtenu Pharmacie à l’issue de la PACES (première année commune aux études de santé, ndlr) et je me prédestinais à la filière officine. En cinquième année, j’ai assisté à un Forum des métiers, à Limoges, où quelqu’un de l’OCP est venu présenter la filière répartition.
J’ai trouvé ça intéressant et j’ai donc fait deux stages de découverte, par curiosité, pour voir ce qu’il se passe avant la pharmacie, comment les boîtes y arrivent. Je les ai faits d’abord à Limoges dans un établissement 100% « manuel » -où j’ai pu découvrir notamment les métiers de responsable d’exploitation et de directeur d’établissement- puis à l’OCP Tarbes.
OCP.fr : Le déclic pour la répartition est venu de là…
Q.C. : J’ai apprécié ce que j’y ait découvert, je me suis donc inscrit en sixième année au master « répartition », au cours duquel j’ai effectué un nouveau stage, cette fois de trois mois, toujours à l’OCP Tarbes en tant que commercial. J’ai eu la chance d’y être lors du déploiement de Link (la plateforme digitale de l’OCP dédiée à l’officine, ndlr), auquel j’ai contribué avec Caroline Le Bihan, directrice de l’établissement et Karine Paihle, cadre commerciale du secteur.
Cela m’a donné l’occasion de faire mes premiers pas en pharmacie sans les contraintes commerciales du quotidien : je venais installer une nouvelle solution digitale et expliquer comment elle marche. J’ai donc ensuite fait ma thèse sur le thème de la digitalisation des officines et le rôle des grossistes-répartiteurs dans cette dernière…
« La répartition m’offre ce que je voulais : un quotidien pas monotone, du contact et ne pas être assis derrière un bureau »
OCP.fr : Quel a été votre parcours par la suite ?
Q.C. : A la fin de mon master, j’ai rejoint l’OCP où j’ai occupé les fonctions de commercial pendant un an et demi sur les établissements de Toulon et Saint-Laurent-du-Var, dont j’ai ensuite été nommé directeur en avril 2019. J’ai eu l’opportunité, après, de devenir directeur du site d’OPLC depuis octobre 2020.
Ce qui me plaisait dans le secteur pharmaceutique, c’était le contact avec le patient. Dans la répartition, au fil de mon évolution, je l’ai retrouvé un peu au travers de la relation avec le client. La filière m’offre ce que je voulais : un quotidien qui ne soit pas monotone, du contact et ne pas être assis derrière un bureau. Résultat, cela fait bientôt six ans que je suis rentré à l’OCP et j’ai l’impression que c’était hier.
OCP.fr : Pourtant vous êtes, là, assis derrière un bureau…
Q.C. : Pour notre interview oui, mais le poste de directeur d’établissement suppose de porter plusieurs casquettes différentes au quotidien. Une casquette RH, une casquette logistique, une autre pour la production, pour la partie commerciale…
Je suis le liant entre ces différents services mais aussi le garant de tout le volet pharmaceutique de l’activité, avec une grille de tâches à accomplir -retraits de marché, gestion des périmés, validation des retours…-.
L’absence de monotonie était certes plus évidente en officine, au comptoir, qu’en répartition où je l’ai toutefois découverte sur le tas. Et c’est ce qui me plait au quotidien. Vous pouvez très bien arriver le matin et devoir aller à l’approvisionnement pour pousser des palettes parce qu’il manque du monde ou aller à deux heures de l’établissement chez un prospect pour négocier le « bout de gras », ou encore suivre un CSE (Comité social et économique, ndlr) avec les syndicats.
Le poste est hyper intéressant car on gère tout de A à Z : nous avons ainsi la main sur la quasi-intégralité des lignes de notre compte de résultat. Nous en sommes donc le garant.
OCP.fr : La répartition ne semble pas être le débouché qui attire le plus les étudiants en pharmacie. Pourquoi ?
Q.C. : Bonne question… Peut-être les répartiteurs doivent-ils faire davantage la promotion du master ? Il est certes connu à Limoges mais je ne suis pas sûr que 5% des étudiants dans les facultés de Strasbourg, Paris ou Nantes le connaissent.
>>> En vidéo : Rentrée des étudiants 2022-2023 : interview de Maxime Delannoy, président de l’Anepf
C’est le rôle de chaque grossiste -et l’OCP le fait plutôt bien- d’aller dans les facs pour faire la promotion du master et ainsi attirer les étudiants. On se rend compte, chaque année, que l’on est sur une promotion d’entre huit et douze étudiants… Or notre secteur a besoin de ressources, quelles que soient les entreprises. Avec douze étudiants par an, les possibilités sont limitées…
« Avoir une vision sur ce qui se passe avant l’officine… et avoir des responsabilités en étant jeune »
OCP.fr : Si vous deviez « vendre » la filière aux étudiants… ?
Q.C. : C’est un métier de passion. Au sein de la chaîne de santé, on est aussi importants que le pharmacien d’officine. Au plus fort de la période du Covid, sans les répartiteurs, les pharmaciens n’auraient pas pu avoir leurs médicaments.
Ils se sont rendu compte de notre importance, les pouvoirs publics aussi. Notre rôle au quotidien a été remis en valeur « grâce » à la crise du Covid et, quelque part, tant mieux car il n’est pas toujours visible : lorsqu’on livre la nuit ou entre midi et deux heures, l’officine est fermée et le pharmacien ne nous voit pas… C’est un peu un métier de l’ombre mais que l’on fait très bien : sur l’agence d’OPLC, on arrive à livrer 1,4 million de boîtes par mois sans trop d’accrocs.
Il y a enfin une dimension de service public. Quand les pharmaciens nous appellent matin, midi et soir pour savoir quand allons-nous recevoir les vaccins et les distribuer et qu’ils nous remercient avec un petit texto quand ils les ont reçus, on voit bien qu’on est garants d’une mission de service public. Que l’on soit préparateur de commandes, commercial ou directeur d’établissement, au bout du compte, nous sommes tous au service d’un patient.
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OCP.fr : Quels conseils donneriez-vous à un étudiant qui hésite à opter pour la répartition ?
Q.C. : Il est important, déjà, de faire un stage de découverte -ne serait-ce que de quelques jours- pour se faire son propre avis. Je pense à tous les étudiants qui n’ont pas envie de s’ennuyer et pour qui la répartition pharmaceutique sera une super expérience parce que ça leur permettra d’avoir une vision de ce qui se passe avant l’officine et d’avoir un job sympa avec des responsabilités en étant assez jeune.
Ne pas hésiter aussi à appeler des professionnels pour se renseigner sur le quotidien. Enfin le master répartition n’est pas du tout quelque chose de bloquant pour faire autre chose si, finalement, ça ne vous convient pas.
Quoiqu’il arrive, il faut arriver dans la répartition avec de l’humilité : certains salariés sont là depuis 40 ans et ont leur vision de leur métier. Il faut donc accepter parfois, pour aller d’un point à un autre, de ne pas tirer tout droit mais de prendre quelques virages, car il est important d’aller tous ensemble dans le même sens.
Pour cela il faut mettre la main à la pâte quand quelque chose ne va pas. S’il y a une urgence à deux heures du matin, je sais ouvrir l’établissement, le lancer et quasiment assurer une vacation. Tout ça a nécessité un gros boulot à mes débuts mais c’est indispensable pour montrer à vos équipes que même si vous êtes jeune, vous êtes crédible à votre poste.
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